Il faut bien admettre que la guerre en Ukraine a éclipsé ce conflit lointain et secondaire. L’Ukraine est bien plus proche de nous. Elle partage des frontières avec l’OTAN, une alliance à laquelle la France appartient. Le conflit au Haut Karabagh paraît donc d’assez faible envergure. Et puis en plus, les séparatistes arméniens se sont rendus en 24h et ça, ça n’a rien d’une grande guerre. Pourtant, la situation mérite qu’on s’y intéresse d’assez près, étant donné que la Turquie et l’Iran, des puissances ambitieuses, pourraient potentiellement rejoindre le conflit.

La raison officielle de cette attaque est la lutte contre le terrorisme après la mort de sept soldats par une mine, dont l’origine est supposée être arménienne. Le Haut-Karabagh est alors bombardé et des drones kamikazes sont utilisés par l’armée azerbaïdjanaise. 24 heures plus tard, les séparatistes arméniens déposent les armes. Des pourparlers sont en cours entre les deux camps, mais sans la présence de l’Arménie. Quelle ironie dans cette histoire ! Des Arméniens sont vaincus mais le gouvernement arménien n’est pas invité aux pourparlers. Selon les séparatistes, le conflit a fait 200 morts au bout de trois jours. Mais quelles sont les raisons de ce conflit qui a éclaté si soudainement ?
Les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ne datent pas d’hier : dès 1988, avant même l’éclatement de l’Union Soviétique, ces deux nations se sont affrontées. L’objectif de la guerre de 1988-1994 est de rattacher le Haut-Karabagh, appartenant alors à l’Azerbaïdjan, au territoire arménien. En effet, 94% de la population de la région est arménienne. S’en suit alors une guerre de 6 ans pour ce territoire, qui se terminera par un cessez-le-feu le 16 mais 1994. Ce conflit est resté gelé, sans traité de paix. De nombreux incidents éclatèrent de 1994 jusqu’aux années 2020 : les affrontements se répètent en 2008, 2010, 2012, 2014, 2016, 2018, 2020. Un de ces conflits sans fin donc.

Plus proche de nous, le 12 mai 2021, 15 000 soldats, des dizaines de véhicules militaires et une partie de l’aviation azerbaïdjanaise traversent la frontière et occupent une partie du territoire arménien, soit entre 50 et 215 km², ce qui est tout de même minuscule. En 2022, l’Azerbaïdjan bloque l’unique autoroute du pays, qui mène vers l’Iran, ce qui contraint l’Arménie à bâtir des infrastructures alternatives. L’UE et la Russie, pour une fois d’accord, condamnent l’Azerbaïdjan d’avoir violé le cessez-le-feu. Craignant la guerre, de nombreux Arméniens ont déserté les frontières arméno-azerbaïdjanaises qui ont été militarisées. Désormais, on se rend compte que ce conflit n’est ni soudain, ni surprenant, et aurait sans doute même pu être prévu voire évité.

L’assaut de 2023 nous paraît déjà un peu moins surprenant. Il semble être une suite logique à la guerre de 1988-1994.

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